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La Métamorphose des cloportes : Adieu blaireau

 

Langouste et rouste, strip-tease et complices…

À Jacqueline

Cinéma que cela, de surcroît estampillé de papa ? Durant un seul instant, de raccord dans le mouvement, les types assis, la dame debout, voilà tout. Donc un divertissement de dialoguiste : Audiard adapte Dumas, pardon, Boudard, pourtant son anti-héros ne possède le panache de Monte-Cristo. Au contraire, il rêve de construction immobilière, très sentimental il s’avère. Point si malin, le Malin agit par amitié, par les supposées « vingt-cinq briques » appâté ; presto alpagué par les condés, il purge sa peine, ressasse la sienne, se venge en virtuose, du jockeyà gerber, du fakir infréquentable, du forain rouquin. Émancipé, démodé, pisté par la police, détrousseur de receleur, Alphonse finit fissa en cellule, où les multiples matons, par la caméra cadrés en plongée d’aplomb, ressemblent, oui-da, à des cancrelats scélérats. Kafka ou pas, la casseur arbore un cafard de film noir, il croyait baiser Cath, « mon petit » à lui, il se fait in fine baiser par la belle, Tonton trucidé, échec et mat, rentre chez toi, « Ducon Lajoie ». Le sérieux sarcastique du script de Simonin connut, on le sait, un semi-succès, la Fox, distributrice à domicile, dut s’en offusquer, dommage pour Miss Demick, muse de Zanuck. S’il se moque du Milieu, s’il amuse avec, la bonne humeur à la Lautner au fond indiffère le fier Granier-Deferre, bientôt signataire de drames estimables, intéressants à défaut d’être transcendants, citons, Simenon ou non, Le Chat (1971), Le Train (1973), Cours privé (1986), ah, sur l’affiche, l’affolant fessier d’une juvénile Elizabeth Bourgine... À la médiocrité du quintette – remarquez les morceaux de Jimmy Smith, maestro du Hammond – des truands bêtes, obsolètes, misogynes, homophobes, rajouterait notre doloriste modernité, répond celle de la clique des critiques artistiques, mention spéciale au caméo de Carmé, en spécialiste courroucé, à escalier, un brin efféminé, prié d’aller subito se suicider.

Dans Les Tontons flingueurs(1963), la musique dite contemporaine se voyait déjà ridiculisée, via le personnage méprisant et méprisable de Rich. Ici, l’amateur de cyclisme, amitiés à Anquetil, increvable récidiviste d’actualités Movietone mondialisées, fustige le jargon de saison, sinon l’abstraction à la con, la mondanité des invités, le capitalisme assumé. La « galeriste arriviste », dixit l’amicale Jacqueline, donne vite à son ex-prisonnier subjugué une leçon de lexique, sa silhouette parfaite, dénuée, pudique, en rime irrésistible au tracé racé des reproductions d’exposition. Co-production franco-italienne, La Métamorphose des cloportes (1965) bénéficie d’un doué directeur de la photographie, Hayer vient d’éclairer LeDoulos (1962) de Melville, et bien sûr d’un impeccable castingchoral, énumérons les noms d’Aznavour, Biraud, Brasseur, Ceccaldi et Géret. Du côté du classé deuxième sexe, le réalisateur immortalise sa chérie Annie Fratellini, prostituée presque à la Giulietta Masina des Nuits de Cabiria (1957), du fidèlement infidèle Fellini, ressuscite Françoise Rosay, croisée naguère chez Feyder, désormais Gertrude éloignée de Dreyer. Au mitan des années 60, le monde se modifie, les femmes se rebiffent, les caves décampent, le caïd radote, la Nouvelle Vague boit la flotte, face à ce cinoche pas si moche.  


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