L’avenir du passé, le présent des instants…
Au séducteur désabusé, il faut des femmes à fantasmer ; au cinéphile fébrile, des films en fuite. Verrai-je un jour Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ? (Scola, 1968), Une saison en enfer (Risi, 1971), LaPeau(Cavani, 1981) ? Cela importe peu, après tout, puisque leurs bandes-annonces valent le coup (d’œil), puisque le reste, on s’en fout, au moins pour le moment, ici et maintenant. Comédie dramatique, film biographique, reconstitution historique, les imageries s’accumulent, dialoguent à distance, affichent l’Afrique, ressuscite un mythe (poétique), font machine arrière, en direction de la dernière guerre (mondiale). Durant ces quelques minutes, remplies de tumultes, on revoit les visages valeureux, depuis longtemps évanouis, de Bernard Blier, Nino Manfredi, Alberto Sordi, Florinda Bolkan, Jean-Claude Brialy, Terence Stamp, Claudia Cardinale, Burt Lancaster, Marcello Mastroianni. Par le style, par l’esprit, chaque item semble attester ad hocde son époque, entre exotisme et colonialisme, romantisme et nihilisme, cynisme et révisionnisme. Ces images d’un autre âge, à découvrir et à écouter en VOST, en doublage français, risqueraient, à présent, l’ire du politiquement correct, gémissant et abject, mention spéciale à MissBolkan, assombrie comme au pas si bon vieux temps d’antan, Al Jolson (Le Chanteur de jazz, Crosland, 1927) et consorts se colorent, convention à la con, pardonnons, passons. Chez Ettore, presque surprise, on se gifle à la Spencer & Hill, on ne pratique le son direct, on suspend les plans, le Peckinpah de La HordeSauvage (1969) opine, le spectateur sourit, à cet apriori ersatz de Hatari ! (Hawks, 1962), résumé à base de bossa nova, suave et sympa, on insulte en silence, on cite London au désert. Chez Risi, Rimbaud s’avère pas trop homo, ses yeux bleus soulignés en zoom daté, à la Leone, on oppose le sable à la neige, on commet en voix offun pseudo-sacrilège contre la beauté, la musicalité, art bourgeois, me voilà. Chez Cavani, secondée au scénario, d’après Malaparte, par une certaine Catherine Breillat, on tapine, on trafique, on vole à l’envers, pauvre latinlover, on recadre des Américains mesquins, on assiste à un accouchement surréaliste, une meute de minots démonte un tank et le Vésuve + une victime s’invitent à la soirée en (bonne) société. Ceci, je le (re)dis, intrigue et séduit, donc, disons, wait and see…