Un métrage, une image : LeFils (1973)
À ma grand-mère et à la mémoire de Petru Guelfucci
Via Verneuil (I…commeIcare, 1979), il finissait flingué à une fenêtre ; grâce à Granier-Deferre (& Graziani), Montand baisse le store, couvercle new-yorkais de condamné à mort. Il délaisse sa maîtresse, caméo express de la compagne du cinéaste, il s’occupe d’un « contrat », au téléphone, se défaire du beau-frère, fissa, il revient vite au familial foyer, à l’agonie jolie de la sarcastique Sophie assister. L’épouse tricote comme Pénélope, toutefois le fils ne ressent la nostalgie d’Ulysse, car il carbure à la mélancolie, solaire, scolaire, puisque l’obsèdent les circonstances du décès suspect du papounet. Tourné insitu, doté d’un casting bienvenu, scoré par Sarde, placé sous le signe d’une fable explicite, la peste selon La Fontaine, dommage pour Camus, le mélodrame méconnu et discrètement drolatique ne se soucie de sudiste sociologie, même si l’on y cause de l’université de Corte, créée huit ans après, de tourisme réservé aux « riches », même si l’instit amnésique gémit sur l’inculture locale de la jeunesse, deux ans avant le psychodrame/piqûre de rappel des « événements d’Aléria », oui-da. L’auteur attentif, un peu passif, de Adieupoulet (1975) ou Uneétrangeaffaire(1981), autres tandems masculins, les mecs tourmenteurs et tourmentés le valent bien, se focalise sur des frères en reflet renversé, sur un capitaliste truand, voire l’inverse, point repentant, plutôt doux-amer, aux prises à domicile avec une némésis sentimentale et pseudo-immobilière. Au cœur de la rancœur, donc une double « connerie » de terrain, son extension de corps féminin, à retrouver, révérer, veiller, violenter, matrice et mausolée. Maria, pourvue d’un prénom très connoté, pardonne à l’homme, berger à la Virgile, jaloux relou, de la pénétrer sans préavis ni préliminaires, les féministes frémissent du jouissif enfer, embrasse une paume, essuie le gosse nu, désormais malvenu, Adam inconscient d’un éden guère amène. Le second saligaud, peut-être homo, sérieux, superstitieux, périt pendant l’épilogue, sorte de westerninsulaire, déroulé à proximité d’une roche immaculée, au cardiaque tracé. Le clochard au courant rejette l’argent, porté sur la pierre, les journaux d’hier. Ange ne rajeunit, un brin se ramollit, il ne se livrera à la vaine vendetta, il mourra en simultané, à l’unisson de celle qui autrefois l’enfantait. Entre magnanime omerta et invisible curé aux allures « d’avocat », entre Chevrolet & Mercedes, entre douceur et détresse, les moutons ne s’en font, en sens inverses le ciel éternel traversent les avions. Délesté de pittoresque, de mollesse, certes itou d’audace et de surprise, LeFils s’avère en définitive un divertissement recommandable, où s’affirment en filigrane deux femmes fréquentables, à savoir Lea Massari, esquissée ici, Jacqueline Waechter, à laquelle devoir la découverte du cher cimetière, « compréhensible » par tous, Corses ou « Continentaux », à présent disponible en ligne, carte postale fatale, co-produit de France et d’Italie, dont l’estimable moralité, lucide et désenchantée, souligne la dimension irréversible, empoisonnée, du passé, l’intemporalité de la beauté, le lyrisme d’une île et ses maudits accès de fratricide cruauté…