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Space Cowboys

 

Un métrage, une image : LesMercenaires de l’espace (1980)

Corman & Cameron, le premier produit, pardi, en casse presque son tiroir-caisse, le second cumule les fonctions, alors à l’orée de la carrière que l’on connaît. Derrière ou au-delà de la caméra, d’autres mecs de talent, se moquant du manque d’argent : le subtil scénariste John Sayles (Piranhas, Dante, 1978, L’Incroyable Alligator, Teague, 1980, Hurlements, Dante, 1981, Le Clan de la caverne des ours, Chapman, 1986), aussi l’auteur du renommé Brother(1984) ou du beau Limbo (1999) ; le directeur de la photographie Daniel Lacambre (La Carrière de Suzanne, Rohmer, 1963, Le Père Noël a les yeux bleus, Eustache, 1966) ; le compositeur James Horner (Krull, Yates, 1983) et, last but not least, le réalisateur Jimmy T. Murakami, animateur émérite, amateur de tortues, surtout ninja, encore clipeur pour Kate Bush, sinon Elvis (King of the Mountain). Devant, sur l’écran, un casting choral impliqué, impeccable, mentions spéciales et illicoau trio de George Peppard, John Saxon, Robert Vaughn, au Richard Thomas de « Il » est revenu, c’est-à-dire le Ça de Stephen King à la TV selon Lawrence D. Cohen (Carrie au bal du diable, De Palma, 1976) & Tommy Lee Wallace (Halloween III : Le Sang du sorcier, 1982 ou Vampire, vous avez dit vampire ? 2, 1988). Du côté des dames, on ne désarme, saluons donc Sybil Danning (L’Œil du labyrinthe, Caiano, 1972 ou Hercule, Cozzi, 1983), d’un Saturn Award récompensée, Darlanne Fluegel (Police fédérale LosAngeles, Friedkin, 1985 ou Haute sécurité, Flynn, 1989), par votre serviteur portraiturée, en VO, en voix off, la Lynn Carlin de Faces(Cassavetes, 1968) et du Mort-vivant (Clark, 1974). Si Les Mercenaires de l’espace se souvient bien sûr des SeptMercenaires (Sturges, 1960), par conséquent des Sept Samouraïs (Kurosawa, 1954), la planète s’appelle Akir, sans rire, il cite aussi, le temps d’une réplique, La Chevauchée fantastique (Ford, 1939). Délesté du moindre second degré, de cynisme régressif, d’esprit campà la con, il s’agit en résumé d’un conte d’éducation, sexuelle, sentimentale, sis au sein des étoiles, dans lequel se déploie et se délocalise l’utopie des États-Unis, patchwork en partie d’Europe, coloré, déchiré, reconnu, recousu, en écho à la toiture de drapeaux du cirque passéiste de Bronco (Billy, Eastwood, 1980). Ce divertissement soigné, inspiré, parsemé de précieuses petites idées, ne désirant jamais, du reste il n’y parviendrait, avec le fric et la mystique de La Guerre des étoiles (Lucas, 1977) rivaliser, possède de surcroît aujourd’hui, à l’heure du russo-ukrainien conflit, une claire actualité, car il carbure à la colonisation, à la destruction, à la résistance, à la connivence, à l’hostilité, à la solidarité. Poétique et politique, ludique et lucide, amusant, émouvant, Les Mercenaires de l’espace s’avère vite un vrai-faux western, un opus picaresque, une réflexion en action(s) au sujet de la (non-)violence, de la résilience, du sacrifice et du souvenir. Les hommes aimables massacrés, les femmes fréquentables défaites, acmé en coda du suicide intrépide de la nef maternelle surnommée Nell, la tyrannie inextremis exterminée, mais à quel prix, via combien de vies, demeure en définitive un cimetière doux-amer, celui du récit, de l’Histoire, du ciné, de nos terrestres destinées. Connaisseur des camps de concentration à la sauce US, because contexte, Murakami confère une âme au film et lui confie une amicale mélancolie…  


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