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Funny Games U.S. : L’Arroseur arrosé


On ne fait pas d’omelette (suspecte) sans casser des œufs (malheureux), pas vrai, Michael ?


En vérité, je vous le dis, dommage pour les iconoclastes et les nostalgiques des dictatures (« Police de la Pensée », muselage des images) – rien de plus moralisateur qu’un fils de pasteur, surtout quand il pond un sermon sur la « pornographie de la violence au cinéma » (américain, de Kubrick à Tarantino, Eli Roth arrivé en retard, tant pis pour lui), amen. Dix ans après (puisqu’il s’agit itou d’un auto-remakeartyà la Van Sant psychotique), Haneke fait comme s’il ne comprenait pas que la violence n’existe jamais au cinéma, que les films déploient seulement sa représentation, talentueuse ou non (cf. la précieuse préface du PortraitdeDorianGray, où Oscar Wilde affirme à raison, sous forme d’aphorismes : « Un livre n’est point moral ou immoral. Il est bien ou mal écrit. C’est tout » + « L’artiste n’a point de sympathies éthiques. Une sympathie morale dans un artiste amène un maniérisme impardonnable du style »). Homeinvasionà la mode autrichienne (classicisme formaliste, effet de temps réel), un brin brechtien (adresses caméra, rembobinage intempestif), son pensum interminable et désincarné s’avère au final aussi kolossal que Benny’s Video ou la liminaire-scolaire opposition musicale Mozart/metal, avant tout « véhicule » doloriste (auteuriste) pour la co-productrice Naomi Watts (le pauvre Tim Roth fait de la figuration d’infirme). Avec son humour noir de bourreaux en blanc (gants à l’avenant) ; avec sa déréliction de saison (prière parodiée) ; avec sa piaule estivale, rurale, sortie du Modes & Travaux local ; avec son « canicide » (j’emprunte le joli néologisme au drolatique et troublant American Psycho de Bret Easton Ellis) et son infanticide (à proximité de la TV, symbolisme stupide digne d’un étudiant de la Femis, voire du Mathieu Kassovitz de Assssin(s)) sonores, hors-champ, n’allez point coucher les enfants ; avec sa discussion de pataphysique aquatique (le réel, les univers parallèles, et patin-couffin), l’ouvrage superflu, démonstratif, n’élabore aucun discours, ne suscite aucune empathie, ne produit nulle catharsis.


Si le « scandaleux » The Great Ecstasy of Robert Carmichael (Thomas Clay, 2006), pareillement raté, presque pour les mêmes raisons, saupoudrait son dispositif  d’une dimension sociale, psychologisante (adolescente), Funny Games U.S. s’exhibe, arrogant et candide, en pure coquille vide, en conte de fées embourgeoisé aux ogres proprets. À leur image, cet opus trop poli(tiquement correct) pour être honnête se dissout aussitôt. En oubliant que le spectateur, y compris et afortioril’amateur de films dits d’horreur (tel votre paisible, quoique, serviteur) possède également un cœur, un cerveau, une éthique cinématographique (donc politique), que le spectacle procède toujours de la mimesis (ou alors on se situe dans le registre du snuff movie, en libre accès au JT), le réalisateur-censeur ne rêve en définitive que d’assainir, d’amollir le monde immonde à cause, bien sûr, des brutalités scopiques (à la sauce étasunienne), hygiénisme de déterminisme, argument spécieux, paresseux, sans la moindre véracité scientifique. Moralité : en chaque puritain ricane un fasciste (compliment de concierge contre le souvent médiocre Oliver Stone) aux jeux sinistres, sinon risibles, en tout cas dispensables. Les plus courageux (indulgents, gérontophiles) se consoleront via la réussite (modeste) du davantage fréquentable Amour


     

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