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Survival of the Dead : L'Île des morts

 

SOD ? Sad…

« Rien ne marche ici » : Romero termine donc sa filmo via ce « western automnal », comme je le résumais au sein de son petit portrait, de sa nécrologie jolie. Survival of the Dead (2009) mérite malheureusement sa mauvaise réputation critique, sinon publique, surtout après la réussite esthétique, satirique, poétique, politique, des opus précédents, pentalogie d’anthologie composée, on le sait, par Night of the Living Dead (1968), Dawn of the Dead (1978), Day of the Dead (1986), Land of the Dead (2005) et Diary of the Dead (2008). Toutefois, fête des défunts dominicale oblige, voici ce billet un brin désabusé. Romero relirait en Ontario Les Grands Espaces US de William Wyler (1958) ? Peut-être, qu’importe, puisque le conte horrifique, drolatique, prend l’eau assez vite, a contrario du ferry de nuit utilisé par les sympas soldats. On pourrait écrire que Survival of the Dead passe ainsi à côté de son beau sujet, à savoir l’espoir d’une vie meilleure, vécue ailleurs. Par conséquent, l’élan des pionniers européens procède en parallèle avec le désir de fuir des « migrants » de maintenant, et la sociologie in situ, supposée se déroulée au Delaware, présage un exil sudiste ensuite en vérité advenu, preuve supplémentaire du pouvoir prophétique du cinéma, de « genre » ou pas. S’il cartographie un lieu peuplé de gens vieux, vicieux, haineux, Survival of the Dead décrit aussi, a posteriori, une dystopie, justement édifiée sur l’urgence d’une utopie, d’où découle sa discrète mélancolie. En émule molto gore du fameux Thomas More, Romero massacre, au propre, au figuré, le clanisme, le tribalisme, le communautarisme, le protectionnisme, accessoirement le machisme, reste à ta place, sale connasse, épouse trépassée, ménagère amère, par mes soins de patriarche mesquin, bouffeur de Bible un peu incestueux, à fond xénophobe, enchaînée à ta cuisine, fichtre !

Flanqué cette fois-ci d’un latino et d’une lesbienne, signe des temps, vous m’en direz tant, pas un seul Blackà l’écran, nonobstant, le cinéaste ressert ses cibles favorites, presque rassies. Handicapé par un castingchoral et local d’une médiocrité bien accordée, par une réalisation anémiée, le téléfilm de luxe shooté en widescreende déprime frise souvent l’épisode de trop, la mauvaise plaisanterie, à l’arythmie digne d’un service de gériatrie. Les cannibales y deviennent in extremis carnivores, donnant raison au gros porc, mon trésor, et alors ? Fable loin de l’ineffable, à base d’imagerie revisitée, d’antagonisme nuancé, d’irlandaise rivalité, de risible gémellité, d’infanticide avorté puis assumé, Survival of the Dead sent le cimetière, déçoit ou indiffère, il faut s’y faire, s’en défaire. Je lui préfère les moins insulaires, plus secrets, Season of the Witch(1972), Martin (1977), Incident de parcours (1988) et La Part des ténèbres (1992). Dommage, vraiment, car en notoire admirateur des Archers, Romero, idemindépendant, pouvait délivrer, terme connoté, sa Renarde (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1950) à lui, certains plans de la cavalière en respirent un soupçon l’air. Hélas, il opta pour un falot mélo pseudo-philo, dans lequel une Électre inepte essaie sans succès de désamorcer une éternelle guéguerre entre mecs, amen. Insipide et inoffensive, la pénible pantalonnade, sanguinolente et exsangue, s’achève sur un duel explicite, symbolique, tragi-comique, aux revolvers vide, sous un clair de lune livide…


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