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L’Enfant à la voix d’or + Piaf : Respect

 

Oiseaux en stéréo, « précarité » repoussée au micro… 

Après la parole suprême (Ordet, Carl Theodor Dreyer, 1955), la « voix humaine », en écho, à la Cocteau, se donne à voir et à entendre, se met en scène et se médiatise, devient vite un vecteur poétique et politique (L’Enfant à la voix d’or, Antonio del Amo, 1957 + Piaf, Guy Casaril, 1974). Viaun vocaliste franquiste, une maman avec enfant, elle identifie l’individu, sur scène, dans la rue, l’expose au public, aux parents, aux habitants, aux femmes à leurs fenêtres, monnaie lancée de modeste gynécée. Elle crée par conséquent du « lien social », musical. La musique, ici, adoucit l’humeur des auditeurs, amenuise provisoirement le malheur. Il s’agit ainsi d’un miracle laïc, d’une épiphanie acoustique, instant d’apaisement, immobilité adoubée, l’oreille collée à la radio, ou sororité instantanée, aussi improvisée, à l’image du ramage, rappliquée illico. Si la technologie l’espace abolit, accorde au « rossignol » une ubiquité domestiquée, quasi sacrée, cf. l’extase de la gamine amicale, atteinte de cécité, vos mouchoirs sortez, l’organe en solo, assorti d’un accompagnement aussitôt, interpelle et paraît parler au Ciel. Apologie de l’Espagne jolie ou autobio de « moineau », nos interprètes honnêtes, munis d’une immanence désarmante, procèdent donc du mélodrame, au sens étymologique du mot, les morceaux, les numéros, se manifestent en drames musicaux, ensoleillé ou attristé, à Séville ou Paris situés. Joselito règne en studio, au milieu de lieux clos, cœur et voix d’or, tout le monde l’adore, il fait fureur, merci au municipal haut-parleur placé en hauteur. Ce type de concours concon toujours, remarquez l’orchestre preste et discret, en plus sponsorisé, rien de changé, associe l’action à la réaction, applaudissements dupliqués, délocalisés, capitaux, provinciaux, l’audition à la satisfaction, le miston à la nation.


On chante, on ne déchante, on enchante, on réenchante, on épure le passé, guerre civile évanouie, olé, on pasteurise le présent, Caudillo, Amado Mio, ne murmura Rita en Gilda(Charles Vidor, 1946). Face à l’enfance, à la liesse, voici d’Édith la souffrance, la détresse. Doublée par la bluffante Betty Mars, parcourez mon petit portrait, Brigitte Ariel se risque au lyrisme, suivie selon une caméra mobile à l’unisson, tant pis pour le statique proscenium précédent, remporte le pari non pas de miroiter le modèle, de manière impressionniste, lestée d’une délicatesse à truelle, gare à l’anecdotique biopic, vide véhicule d’actrice transformiste, (a)dressé à la gloire de Marion Cotillard (La Môme, Olivier Dahan, 2007), plutôt d’en proposer une personapersonnelle, une version existentielle, dont la vérité de solitude obstinée se vérifie à l’énergie, à la force douce et féroce de défier le (mauvais) sort et de sauvegarder la vie. Le plan-séquence efface l’effet d’artificialité du play-back, enracine la scène au sein de la durée du réel, le lent zoom arrière n’embellit la misère, l’arrime au réalisme, le son s’éloigne, réverbération d’occasion, la contre-plongée souligne les mains ouvertes, fermées, posture de sainte esseulée, essoufflée, un panoramique circulaire quadrille la générosité solidaire, l’indifférence amère, avant qu’un surcadrage de cour et un travellingà rebours ne viennent découvrir la silhouette d’un mec, davantage maquereau qu’imprésario, Pierre Vernier/Raymond Asso, pygmalion et parolier subito ? Pauvres (en argent)  et riches (en talent), pareilles origines de déprime, Joselito, Édith, ne flanchent, prennent une valeureuse revanche, renversent ou bouleversent. Que les sirènes serinent Ulysse, humide ou misogyne supplice, que les chansons de don, d’abandon, accordent une clarté au carré, sur film fragiles, infaillibles, complaintes complices contre le cynisme, l’amateurisme, l’industrie de la série, sur CD, au ciné.     


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