Un métrage, une image : BodyLove (1977)
« Montre ta chatte au monsieur » après qu’un matou mata deux félines en train de se faire du bien en hauteur puis apesanteur. Un film de son temps, plus intéressant qu’excitant, cadré/éclairé avec méticulosité. La BO mélodique et atmosphérique de Klaus Schulze confère à l’ensemble un climat onirique davantage que priapique. Cette histoire de défloration familiale, de fantasme vocal, d’amours ancillaires, d’esclavagisme exotique et de journalisme gonzotient itou du plaidoyer prodomo gentiment méta. Tout tend vers une partouze débutée en datée thérapie de groupe, acmé du film et utopie autarcique de communisme sexuel où les genres, les corps, les couleurs, les classes, les générations, les relations se mêlent à l’unisson, avant que les difficultés économiques (le château prend l’eau) et la solitude ontologique (de chacun) ne refassent surface durant une aube grise, un assoupissement aux allures de gisant(s), dont seule émerge Martine, au prénom emprunté à l’héroïne de BD transformiste, c’est-à-dire Catherine (Ringer), juvénile-gracile, amusante-captivante, boucle bouclée de coda, arrêt sur image sur son visage au regard noir substitué à sa souple silhouette à la barre. Avec ses limites évidentes, ses qualités résistantes, le sage ouvrage ombrageux témoigne d’une sexualité jadis filmée avec intégrité, complicité, beauté.
Un métrage, une image : Lucia et le Sexe (2001)
On espérait du sexe solaire à la Brass, on découvre un psychodrame insulaire surexposé. Souvent visuellement vilain, coulé par un scénario assez risible, un casting réduit à la simulation (sexuelle) de pantins translucides, le métrage interminable se voudrait une sensorielle réflexion sur la passion, la création (littéraire), le pardon (donc la culpabilité dépassée). Hélas pour le spectateur détrompé, ce romanesque en mode Almodóvar hétéro se caractérise en définitive par son puritanisme – non, ma fille, tu ne te masturberas pas devant le bluemovie madrilène de ta maman, tu ne coucheras pas avec son amant, ton soupirant de banc, au risque de provoquer un infanticide au canidé – et sa vanité, double sens. Justement oublié dix-sept ans après, le réalisateur construit son naufrage autour de trois motifs facilement freudiens : la lune, le trou, le phare et s’égare du côté publicitaire, puéril, d’un Jeunet, lui-même vendeur de bonheur imbuvable, à évacuer. Au lieu de l’Alice de Lewis, autre tombée célèbre, revoici Amélie privée de son poulain, pourvue d’un étalon à la con. À la fin, tout le monde se retrouve mais fi d’orgie, la jolie vie reprend son cours, le rescapé écrit toujours et le générique, pas si irréversible, défile à l’envers. Hijo de la Luna, chantait Ana Torroja ; le cinéphile mélomane sauvera la bonne BO d’Alberto solo sans Pedro.