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Don Giovanni

 

Un métrage, une image : Benjamin ou les Mémoires d’un puceau (1968)

À la clémentine Jacqueline

Laclos au creux et au cœur de Watteau, OK, illico, mais Benjamin ou les Mémoires d’un puceau se souvient aussi, pardi, de Belle de jour (Buñuel, 1967), mon masochiste amour, jusqu’à réutiliser, voire refourguer, de facto son trio, reformuler une fameuse et fantasmée humiliation, bye-byeà la boue, bienvenue à une verte flagellation, annonce en sus Raphaël ou le Débauché, sorti trois ans après, encore La Lectrice (1988) bien sûr complice, érotique et pudique. Au côté de l’incontournable Nina Companeez, co-scénariste, dialogueuse et monteuse, l’habile Deville délivre donc un divertissement intelligent, à contre-courant du temps, qui n’oublie, évidemment, d’adresser un clin d’œil au carré au Don Juan ou le Festin de pierredu presque contemporain Molière, même s’il en minore, sinon omet, la dimension satirique, allez. Il s’agit, en résumé, d’une étude de mœurs ensoleillée, à Cognac tournée, d’un casting choral impeccable dotée, par un quatuor en or surplombé. À Michèle Morgan la mélancolie ; la candeur à Clémenti ; à Catherine Deneuve la détermination + Piccoli en priapique puis pathétique émule de Valmont. De plus il s’agit d’un récit (au lit) en boucle bouclée, à la gaieté désenchantée, à la tristesse en sourdine, magnanime. Dans la vraie vie, surtout à Paris, quel émoi au bout de quatre mois, on s’envoyait alors des pavés au visage, on accumulait les coups de matraque casquée, policiers prolétaires contre étudiants friqués, Pasolini le camp iconoclaste choisit. Dans la réalité motorisée, l’interprète peu suspecte d’Anne de Clécy sa sœur Françoise perdit, dut en partie se sauver via son personnage d’amoureuse allumeuse, déflorée d’un doigt fiché entre ses jambes blanches aux bas immaculés, par conséquent pas vraiment avec doigté, infine dépucelée en reflet, mémoires de sa main terminés, accouchés. Chez Deville, tout s’avère calme et tranquille, pas de révolution à l’horizon, seulement la danse dure et tendre des sentiments, une fête un peu défaite, à incendie joli, un achèvement jamais insistant d’été, de virginité, en somme, appréciez l’ellipse temporelle discrète, l’automne d’un « benêt aux yeux de biche » devenu homme. Produit par Mag Bodard, éclairé par Ghislain Cloquet, amitiés à Demy, à la grâce sans effort des Demoiselles de Rochefort (1967), récompensé du prix Louis-Delluc, à la suite du La Vie de château (1966) de Rappeneau, possible titre alternatif, avant Baisers volés (Truffaut, 1968), item similaire et différencié, Benjamin ou les Mémoires d’un puceau séduit en raison de son affable superficialité, de sa légère gravité. Pas un brin libertin, au physique, en politique, le cinéaste insaisissable et stylé de par exemple Eaux profondes (1981) nous plonge ainsi parmi une fantaisie sociale, musicale, à l’hymen d’outrage et de mari(vaud)age, à l’innocent observant, annotant, témoin point sadien de (dé)liaisons pas à la con, anti-héros tout sauf falot d’un conte climax de stratégique impasse. 


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