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Avec les compliments de Charlie

 

Un métrage, une image : Tendreetsaignant (2022)

Entre deux phrases de Barthes, deux chansons de Lama & Sablon, version Trenet, SVP, le fiston de Danièle Thompson raconte un conte de Noël, (dés)accorde un cours d’économie, carbure à la collision, à la communication, à la capitalisation, sinon à la complice capitulation. L’un des ultimes films de Jean-François Stévenin, père éphémère, comme aphone, endetté, décédé, il s’agit aussi, surtout, d’un hommage à sa compagne Géraldine Pailhas, à son vieilli, vaillant, émouvant visage, d’actrice assez subtile, appréciée autrefois chez Pialat (LeGarçu, 1995), Harel (LesRandonneurs, 1997), Garcia (L’Adversaire, 2002), Ozon (5x2, 2004, Jeune et Jolie, 2013), Campillo (LesRevenants, 2004), Saada (Espion(s), 2008), oui-da. Cheveux courts, phalange étrange, Charly Fleury perd papa, emploi, trouve l’amour, retrouve le vrai goût de la vie, des naturels produits de l’artisanale, familiale, fuie boucherie, autant que le temps enfui, gravé sur CD, à visionner à satiété, regard bien sûr embué. À défaut de ressusciter l’enfance, elle accepte la renaissance d’une seconde chance, elle se (re)lance, elle ne flanche, (in)fidèle, franche, elle se raccroche aux branches, aux hanches, d’hommes aimables, commis déterminé, cuistot étoilé, partenaires professionnels, personnels. Co-écrite par le dramaturge Fabrice Roger-Lacan, collaborateur d’Édouard Baer, éclairée par le DP Rémy Chevrin, chef opérateur régulier d’Attal & Honoré, par le sieur Christopher himself co-produite, par Arthur Simonini (Portrait de la jeune fille en feu, Sciamma, 2019) de manière élégante mise en musique, la comédie romantique, en partie tournée au Cantal, en widescreen, n’invite à la déprime, ni les éclats de rire ne suscite, le couple en route, en salle sépulcrale, se casse dare-dare, dommage, écho local d’un insuccès critique, commercial. L’acteur d’Enrico (La Révolution française, 1989), de Giorgino(Boutonnat, 1994), de la Dayan du petit écran, ne se consacre à la lutte des classes, n’écorne le morne monde de la mode, son « butcher » starisé, désérotisé, convoité, concurrencé, à la couverture médiatique, à poil face à l’objectif féminin photographique, ne saurait rivaliser avec ses confrères effarants, effarés, de Chabrol (LeBoucher, 1970) & Reyes, certes. Il n’empêche que la paire Ducret/De Groodt, solide, en sourdine, en douceur masculine, escorte notre endeuillée, ragaillardie Géraldine, de western, de film horrifique, fissa fugace héroïne. Dans Tendre et saignant, « la roue tourne », les amants détourne, Anne Le Ny les réunit, le terroir semble un antidote au désespoir, Charly mouche un prétendant, de sa situation profitant, au moyen d’un millésime, Charly mouche, bis, un commerçant, de carcasses pas d’occase, sifflets admiratifs d’ouvriers à la volée. Du cinéma, tout cela ? Certainement pas, mais l’image exacte, patraque, d’une certaine tendance de celui, franco-français, d’aujourd’hui, inoffensif feelgoodmovie téléfilmé, pré-façonné, suivant la TV, la téléphonie diversifiée, Orange se démange, se dérange. Demeure, en définitive, la tristesse espiègle de l’inspiratrice svelte, d’écrin anodin, mineur, conçu en son (doigt d’) honneur...                    


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